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Comprendre l’orgasme afin de mieux appréhender le trouble de l’orgasme chez la femme.

F. Adam, M. Thoveron, J. Day, et P. de Sutter, in Sexologies (2015) 24, 155-162.

 

Objectifs :

Le premier objectif de cet article est de comprendre l’évolution du concept d’orgasme à travers le temps. Ensuite, plusieurs modèles de la réponse sexuelle féminine seront présentés en vue de proposer une définition de l’orgasme féminin. Finalement, le trouble de l’orgasme sera développé sur base des définitions proposées par les différentes versions du DSM tout en y apportant un regard critique.

 

Matériel et méthode :

Analyse de la littérature de 1950 à 2013 dans la base de données Scopus avec comme mots clés : anorgasmia, female et sexual dysfunction.

 

Résultats :

Les données suggèrent qu’il n’existe à ce jour aucune définition universellement acceptée de l’orgasme féminin (Mah et Binik, 2001). De nombreuses études portent sur les facteurs physiologiques de l’orgasme tandis que les facteurs psychologiques semblent moins investigués. L’absence de définition satisfaisante de l’orgasme peut être attribuée à la compréhension limitée des mécanismes qui le sous-tendent et au fait que les chercheurs sont tributaires de la subjectivité de l’auto-évaluation de l’expérience des femmes. Cette subjectivité étant inhérente au ressenti du vécu. Dans ce sens, certaines femmes sont incapables de dire si elles ont déjà vécu un orgasme, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie, même si elles l’ont déjà atteint. Dans certains cas, parce qu’elles n’en ont réellement pas vécu. Dans d’autres cas, parce qu’elles ne l’ont pas interprété comme un orgasme. L’orgasme reste donc un concept complexe à appréhender. Par ailleurs, le trouble de l’orgasme ou anorgasmie représente la deuxième difficulté sexuelle la plus fréquemment rencontrée par les femmes avec des prévalences allant de 25 (Lewis et al., 2010) à 31 % (Hayes et al., 2006).

 

Conclusion :

Il serait intéressant dans les études futures d’investiguer la manière dont les femmes expérimentent au niveau cognitif et émotionnel les relations sexuelles avec leur partenaire. Cela devrait permettre de mieux comprendre et définir l’orgasme féminin mais aussi d’améliorer les prises en charge du trouble de l’orgasme.


Mais qui est la femme orgasmique ? Approche étiologique de l'orgasme féminin et étude comparative de la capacité orgasmique. M. Thoveron. Mémoire réalisé dans le cadre du Master en Sciences de la Famille et de la Sexualité, UCL (2013).

 

 

Couramment, l’orgasme est décrit comme « le point culminant du plaisir sexuel » (Petit Larousse Illustré, 2014). Mais que cela signifie-t-il exactement ? De nombreux chercheurs se sont penchés sur cette étape de la réponse sexuelle, tant du point de vue masculin que féminin. Pourtant l’orgasme est encore loin d’avoir révélé tous ses mystères.

 

Nous allons nous intéresser à l’orgasme féminin qui semble être un concept plus sombre et bien moins facilement appréhendable que l’orgasme masculin. En effet, ce dernier a « l’avantage » de présenter des faits physiologiquement observables lorsqu’il se produit. De plus, il apparaît moins sujet à la subjectivité lorsque les hommes l’évoquent. En effet, l’orgasme féminin semble plus difficilement cernable car, en l’absence de faits observables, par les femmes elles-mêmes, certaines femmes sont incapables de dire si elles ont déjà vécu un orgasme, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie. Dans ce sens, si de nombreuses femmes parviennent à l’orgasme aisément, d’autres en sont incapables et en souffrent. Dans le domaine de la sexologie, il est dit que ces femmes souffrent d’ « anorgasmie ». Il s’agit d’un trouble qui fait partie des dysfonctions sexuelles les plus répandues car il touche environ 25%  des femmes (APA, 2000).

 

Notre intention à travers ce mémoire est tout d’abord d’établir le tableau des caractéristiques de la femme qui parvient à l’orgasme sans difficultés, lors d’activités sexuelles, que ce soit avec ou sans partenaire. Et ensuite de vérifier si ces mêmes caractéristiques sont présentes ou absentes chez les femmes ne parvenant pas à l’orgasme.

 

Pour mener à bien ce projet, nous allons nous appuyer sur une revue de la littérature à la fois théorique, empirique et clinique de l’orgasme et de l’anorgasmie. De plus, « l’origine multifactorielle des dysfonctions sexuelles étant largement reconnue » (Hubin, De Sutter & Reynaert, 2011, p.178), il nous semble pertinent d’opter pour une approche globale des caractéristiques fonctionnelles présentes chez les femmes qui parviennent à l’orgasme.

 

Pour ce faire, nous avons choisi l’approche sexofonctionnelle, car cette approche reflète bien la dimension multifactorielle des dysfonctions sexuelles. En effet, elle évalue le fonctionnement sexuel individuel selon cinq facteurs étiologiques : physiologique, cognitif, comportemental, émotionnel et environnemental. Nous allons ainsi tenter d’approcher les facteurs étiologiques de la femme orgasmique, et donc ses caractéristiques suivant les cinq facteurs étiologiques précédemment cités, qui permettent d’établir le tableau clinique des patients, en thérapie sexofonctionnelle.

 

La revue de la littérature va permettre de nous rendre compte à quel point il existe des lacunes importantes dans la recherche sur l’orgasme : les études menées abordant essentiellement les aspects physiologiques de celui-ci, et négligeant la plupart du temps le coté subjectif de l’orgasme féminin. Nous entendons, par « subjectivité de l’orgasme », les aspects plus psychologiques et émotifs, qui ne sont étudiés que lorsqu’ils sont négatifs. Ils sont alors essentiellement abordés dans le cadre des études sur l’anorgasmie. Notre intention, à travers ce mémoire, est donc de mener une étude que nous voulons novatrice, en mettant d’une part en lumière un premier relevé des facteurs étiologiques de l’orgasme, et d’autre part en comparant les facteurs étiologiques de l’orgasme et de l’anorgasmie. Là où la plupart des auteurs s’en tiennent à l’étude de l’orgasme ou à celle de l’anorgasmie, nous avons pour projet de comparer nos résultats entre les femmes qui se disent orgasmiques et anorgasmiques dans notre population de 251 femmes.

 

Nous nous proposons donc de vous emmener à la rencontre de la femme orgasmique, cette femme qui obtient des orgasmes sans difficulté, alors que d’autres n’y parviennent pas et en souffrent.